dodis.ch/43477 Le Département politique à la Légation de
Russie à Berne
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Le 26 mai 1916, le représentant officieux du Saint-Siège, Monsignor Marchetti, ayant demandé si les prisonniers de guerre tuberculeux curables provenant de Russie et d’Allemagne pouvaient être hospitalisés en Suisse, il lui fut répondu qu’en principe rien ne s’opposait à cette hospitalisation. Mais, il résulte d’une conversation avec le Ministre de l’Empireallemand que le nombre des prisonniers russes tuberculeux curables que l’on présume être actuellement en Allemagne paraît si considérable qu’il outrepasse de beaucoup les possibilités d’internement que peut offrir la Suisse. En outre, l’enquête ordonnée sur cet objet a démontré que les stations suisses qui se prêteraient à l’internement de cette catégorie de malades sont actuellement déjà si remplies qu’il sera difficile de loger les contingents de prisonniers français, belges, anglais et allemands qui sont attendus.
Il y a plus d’un mois déjà, le Département politique a avisé de la situation la Légation d’Allemagne. A son regret, il a dû faire la même réponse à la Légation austro-hongroise, qui s’informait aussi, peu après, de la possibilité d’hospitaliser en Suisse des Russes séjournant dans les camps de prisonniers en Autriche-Hongrie et des Autrichiens et Hongrois prisonniers en Russie.
Le Département politique regrette infiniment de devoir, aujourd’hui, donner encore la même réponse. Mais, vu la place fort restreinte dont disposent les stations pour tuberculeux, il est bien compréhensible que la Suisse n’est en mesure d’hospitaliser qu’un nombre limité de malades. Ce serait surtout aller complètement à l’encontre du but poursuivi que de vouloir, pour donner leur place à d’autres, faire évacuer les tuberculeux avant leur guérison complète ou tout au moins une amélioration sensible de leur état.
Dans ces conditions, il semble superflu de donner des renseignements sur les conditions d’internement en Suisse; toutefois, le Département politique fournira toujours avec plaisir toute information désirée.