dodis.ch/42714 Le Ministre de Suisse à Paris, Ch. Lardy, au Président de la Confédération et Chef du Département politique, E. Müller1
Comme post-scriptum à mon rapport de ce matin2, je me permets d’ajouter que le vieux Comte Münster, doyen des Ambassadeurs allemands et premier délégué de l’Allemagne à la Conférence du désarmement à La Haye, m’a dit cet après-midi qu’en substance ses instructions portaient:
Ne pas soulever, ni laisser soulever de question politique, en d’autres termes, maintien du statu quo;
Veiller à ce qu’il ne sorte rien de cette conférence; (dafür sorgen, dass aus der ganzen Geschichte nichts werde;) mais, s’efforcer de venir en aide aux Russes pour qu’ils se tirent honorablement de ce fiasco.
Le Comte Münster a ajouté qu’en ce qui concerne l’arbitrage, il n’avait pas encore d’instructions précises; qu’en ce qui concerne la transformation en convention proprement dite des articles de Bruxelles sur les lois de la guerre, l’Allemagne n’était pas disposée à se lier, et enfin qu’elle prêterait volontiers les mains à une révision de la Convention de Genève.
Il m’a paru que le Comte Münster n’était pas familiarisé avec certains détails des questions faisant partie du programme, en sorte que je vous transmets ce qui précède sous bénéfice d’inventaire.
Le fond reste que l’instruction allemande est: Sorgen Sie dafür, dass nichts daraus werde und helfen Sie den Russen anständig aus dem Fiasco heraus zu kommen.
M. de Staal, Ambassadeur de Russie à Londres, s’est exprimé dans le même sens vis-à-vis du Comte Munster dont il est l’ancien ami, en le priant de l’aider à couvrir la retraite.