Printed in
Diplomatic Documents of Switzerland, vol. 4, doc. 139
volume linkBern 1994
more… |▼▶Repository
Archive | Swiss Federal Archives, Bern | |
▼ ▶ Archival classification | CH-BAR#E21#1000/131#14026* | |
Old classification | CH-BAR E 21(-)1000/131 491 | |
Dossier title | Internationale Massnahmen gegen den Anarchismus (1892–1912) | |
File reference archive | 06.2.4.1 |
dodis.ch/42549 Le Ministre de Suisse à Paris, Ch. Lardy, au Chef du Département des Affaires étrangères, A. Lachenal1
Les renseignements que Vous m’avez fait l’honneur de me transmettre dans les derniers jours sur les anarchistes Caserio et Guy ont successivement été communiqués sous forme verbale à M. le Préfet de police ou à M. le Directeur de la sûreté générale au Ministère de l’intérieur.2 Chose singulière, 3 jours après l’attentat de Lyon3 le Préfet de police me disait: «Je ne suis nullement sûr que Caserio soit un anarchiste!»
Hier soir après un dîner chez M. Casimir-Perier, le Président du Conseil, M. Dupuy, m’a dit que le Gouvernement avait étudié avec soin la nouvelle loi fédérale contre les anarchistes4 et avait cherché à s’en inspirer sur divers points mais que notre loi ne suffisait pas à la France. Le Ministère voudrait pouvoir reléguer les anarchistes; il pense que c’est là le point fondamental et essentiel. En outre le Directeur des prisons a fait la remarque que les anarchistes détenus faisaient de la propagande dans les maisons pénitentiaires; or la loi ne permet pas d’appliquer le régime cellulaire aux individus condamnés à moins d’un an; il faudra réviser ce point afin de couper court à la propagande. Il faudra en outre obtenir l’autorisation de reléguer, c’est-à-dire de déporter dans les colonies, les anarchistes qui, à l’expiration de leur peine, ne [se] seraient pas améliorés.
M. Dupuy a ajouté que nous avions en Suisse à Lugano un point particulièrement malade et il a donné à entendre qu’il aimerait bien le faire surveiller par un ou deux agents à lui. J’ai fait semblant de ne pas comprendre la seconde partie et j’ai répondu à la première que notre procureur général me paraissait avoir l’œil ouvert aussi de ce côté, puisque, dès le surlendemain de l’attentat, je recevais une note sur le court séjour de Caserio en Suisse jusqu’à son retour en Italie.5 Je lui ai exposé que sous forme verbale il pouvait se faire des transmissions de renseignements entre les polices des deux pays soit à Berne soit à Paris par l’entremise des agents diplomatiques respectifs, et que ce mode de procéder me paraissait être celui qui offrait le moins d’inconvénients pourvu qu’on sût faire vite.
Tags