Classement thématique série 1848–1945:
I. LES RELATIONS INTERGOUVERNEMENTALES ET LA VIE DES ÉTATS
I.12 FRANCE
Printed in
Diplomatic Documents of Switzerland, vol. 2, doc. 368
volume linkBern 1985
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Archive | Swiss Federal Archives, Bern | |
▼ ▶ Archival classification | CH-BAR#E2300#1000/716#710* | |
Old classification | CH-BAR E 2300(-)1000/716 330 | |
Dossier title | Paris, Politische Berichte und Briefe, Militärberichte, Band 24 (1871–1871) |
dodis.ch/41901 Le Ministre de Suisse à Paris, J. C. Kern, au Président de la Confédération, K. Schenk1
Ainsi que j’ai eu l’honneur de Vous en informer le 23 de ce mois2 (No 1134), j’avais demandé à M. Jules Favre une audience pour l’entretien des diverses questions soulevées dans vos offices des 9 et 20 Juin3.
Je me suis rendu hier, Lundi, chez M. le Ministre des Affaires Etrangères à Versailles, et je m’empresse de venir Vous rendre compte aujourd’hui de quelquesuns des points abordés dans cet entretien.
Dans le présent rapport, je m’attacherai surtout à Vous exposer la partie de notre conversation relative au remplacement du Marquis de Châteaurenard, Ministre actuel de France en Suisse.
Je me suis exprimé vis-à-vis de M. Jules Favre, en me conformant strictement aux instructions contenues dans Votre office du 20 Juin, reçu par l’entremise de M. de Villeneuve, Chargé d’Affaires du Brésil à Berne.
J’ai exposé que le Conseil fédéral désirait qu’il fût donné suite à la demande de remplacement, aussitôt que faire se pourra, afin de faciliter la tractation des affaires pendantes entre les deux pays. J’ai ajouté que la candidature de M. Guizot, et la persistance avec laquelle le bruit de sa nomination était répandu, avait fait en Suisse une impression fâcheuse. Le Président de la Confédération m’avait donc chargé de m’entretenir avec M. Favre, afin de pouvoir lui transmettre des renseignements certains, et de calmer les appréhensions provoquées par cette prétendue nomination.
M. Favre m’a déclaré immédiatement, que ces bruits étaient entièrement dénués de fondement. M. Thiers est aujourd’hui revenu de cette idée. Il est encore question de M. Guizot fils, pour un poste diplomatique, mais on ne songe plus à l’envoyer à Berne. Il a ajouté qu’à aucune époque il n’aurait prêté les mains à cette nomination, qu’il me l’avait déclaré, et qu’il n’avait nullement changé d’idée sur ce point.
«Je suis heureux, répondis-je à M. Favre, de pouvoir transmettre cette assurance à mon Gouvernement. Si j’avais rapporté de cet entretien un doute sur les intentions de M. le Chef du Pouvoir Exécutif, mon intention aurait été d’exposer confidentiellement à M. Thiers l’impression que produirait en Suisse la nomination de M. Guizot fils au poste de Ministre à Berne. Vos paroles sont si positives, que je crois pouvoir renoncer à cette idée, mais je Vous autorise en tout état de cause à répéter à M. Thiers tout ce que j’ai eu l’honneur de Vous dire.»
M. Favre me répliqua aussitôt: «Comme je sais positivement que M. Thiers a complètement renoncé à envoyer M. Guizot fils en Suisse, je ne pourrais pas vous conseiller de demander une audience à M. Thiers; je ne crois pas que cela serait utile pour atteindre le but que vous vous proposez.»
«En présence de Vos assurances si positives, je renonce à cette audience», dis-je en terminant à M. Favre; «je Vous prie néanmoins de m’informer confidentiellement de l’état de la question, surtout dans le cas où le nom de M. Guizot fils devrait de nouveau être prononcé, et cela avant qu’une décision soit prise, afin de me permettre de réclamer immédiatement un entretien avec M. Thiers, et de faire valoir auprès de lui les objections du Conseil fédéral contre ce candidat.»
«Je vous le promets volontiers», répondit le Ministre des Affaires Etrangères.
Les réponses de M. Favre étaient conçues en termes si positifs, qu’il aurait presque été offensant pour lui d’insister sur une demande d’audience auprès du Chef du Pouvoir Exécutif. J’aurais craint de paraître n’avoir pas confiance en ses assurances, et mettre ses réponses en suspicion. Je me suis cru d’autant plus facilement autorisé à le faire, que j’avais la promesse de M. Favre qu’il m’avertirait confidentiellement si le nom de M. Guizot fils était de nouveau prononcé.
M. Favre s’est excusé de ce que le Gouvernement n’avait pu encore prendre de décision au sujet du remplacement de M.de Châteaurenard, en invoquant la masse des affaires et les préoccupations de toute nature dont il était assiégé. Il a ajouté aussi que, lors de notre dernier entretien sur cette question, sa position comme Ministre des Affaires Etrangères ne lui avait pas paru suffisamment assurée pour procéder à des modifications importantes dans le corps diplomatique français.
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