dodis.ch/47467

Le Chef du Département politique, M. Pilet-Golaz, au Chef du Département de Justice et Police, Ed. von Steiger1

Votre lettre du 16 décembre, D. 5748.-2. En retour ses annexes3.

Je vous remercie de me les avoir communiquées et de solliciter mon avis.

Si, d’une manière générale, je tiens qu’il faut être beaucoup plus libéral envers les journaux satiriques et les programmes de cabaret qu’envers la presse ordinaire et surtout la presse politique, il va sans dire que je ne puis approuver qu’on mette en cause d’une façon aussi «individualisée» un diplomate accrédité auprès du Conseil fédéral. Indépendamment du précédent que cela crée, des dangers que cela comporte, c’est un manquement certain à l’élémentaire courtoisie internationale. Or il m’est désagréable que la Suisse manque à ces règles élémentaires d’une attitude correcte.

Faut-il tirer de ce qui précède la conclusion qu’on doit interdire le spectacle actuel du «Cornichon»? Je ne le pense pas. Il est donné depuis une dizaine de jours déjà au moins. Tout le monde en a entendu parler et tout le monde en cause. Si nous intervenions maintenant, ou bien on nous accuserait d’être très lents, ou bien - ce qui serait pire - d’intervenir trop tard intentionnellement, uniquement pour la forme sans être véritablement affectés par le fond.

Par contre, je ne pense pas qu’il soit opportun qu’un pareil programme fasse le tour de la Suisse. Surtout, il me semble qu’on doit avertir la direction du «Cornichon» que de tels programmes sont plus qu’indésirables et qu’ils ne sont pas conformes à l’intérêt du pays; qu’à l’avenir, elle s’en abstienne.

Merci encore.