Classement thématique série 1848–1945:
IV. POLITIQUE ET ACTIVITÉS ÉCONOMIQUES
2. Ravitaillement de la Suisse en temps de guerre
2.3. Blocus franco-britannique
Également: Aide-mémoire de la Division de Commerce du Département de l’Economie publique à la Légation de Grande-Bretagne à Berne du 19.7.1940 (CH-BAR#E7110-01#1973/134#32*).
Printed in
Diplomatic Documents of Switzerland, vol. 13, doc. 343
volume linkBern 1991
more… |▼▶Repository
Archive | Swiss Federal Archives, Bern | |
▼ ▶ Archival classification | CH-BAR#E2001D#1000/1552#7409* | |
Old classification | CH-BAR E 2001(D)1000/1552/237 237 | |
Dossier title | Italien (1940–1942) | |
File reference archive | C.22.41.10 • Additional component: Italien |
dodis.ch/47100
Le Ministre de Suisse à Londres, W. Thurnheer, au Chef de la Division des Affaires étrangères du Département politique, P. Bonna1
BATEAUX DESTINÉS AU RAVITAILLEMENT DE LA SUISSE RETENUS PAR LE CONTRÔLE BRITANNIQUE
Pour faire suite à ma lettre du 28 juin2, j’ai l’honneur d’accuser réception de votre lettre du 3 juillet3 concernant la bonne arrivée en Suisse de la cargaison du s.s. «STAVROS», ainsi que les démarches à faire pour obtenir l’autorisation de passage pour d’autres bateaux à destination de ports italiens et la question de nos rapports commerciaux avec les pays d’outre-mer. Dans l’intervalle, je vous ai tenu au courant dans mes télégrammes 148, 161, 165 et 176 de mes diverses démarches4. J’ai reçu sur ce même sujet vos câbles 83, 88, 98 et 100 ainsi qu’un télégramme en clair de la Division du Commerce5 concernant les entretiens de Monsieur le Président de la Confédération avec le Ministre de Grande-Bretagne au sujet des accords du blocus. Il eût peut-être été préférable pour le secret du chiffre que ce dernier télégramme eût été chiffré lui aussi.
Lorsque j’ai vu Mr. Butler, le 10 juillet, son accueil avait été plutôt favorable. Il m’avait donné à entendre que les résistances venaient surtout du Ministère du Blocus et qu’il serait utile de faire porter sur ce Ministère mon principal effort d’intervention. J’avais cru comprendre que si le Blocus se montrait intraitable, les Affaires Etrangères seraient disposées à prêter leur bons offices. Cependant, lorsque j’ai vu Mr. Dalton, le 12 juillet, lui aussi m’avait reçu favorablement. Je vous envoie ci-joint la copie du mémorandum remis à cette occasion avec une liste des bateaux retenus et les détails sur les cargaisons6. Notre entretien ne pouvait évidemment porter que sur les questions générales et il avait été convenu avec le Ministre qu’un de mes collaborateurs discuterait avec l’un des siens les questions de détails. Sans m’attendre à un succès rapide, j’étais cependant un peu plus optimiste et ai été par conséquent d’autant plus sensible au résultat tout à fait négatif de l’entretien avec Lord Drogheda sur lequel mon télégramme 183 vous a renseigné7.
N’ayant plus reçu depuis le télégramme de la Division du Commerce du 8 juillet de renseignements sur les négociations économiques en cours à Berne, je ne sais à quoi attribuer la différence entre l’attitude bienveillante de mes interlocuteurs d’il y a quelques jours et le caractère négatif de la communication de M. le Ministre Kelly. Je pense qu’au moment où j’ai vu Mr. Dalton, les instructions pour le Ministre de Grande-Bretagne à Berne n’étaient pas encore au point. Quoi qu’il en soit, d’après le rapport verbal de mon collaborateur, Lord Drogheda, tout en gardant un ton très amical et sans dissimuler qu’il lui était pénible de devoir faire part de la décision intervenue, a donné à entendre que le Gouvernement Britannique tire les conséquences du fait que les exportations de Suisse à destination de l’Allemagne vont être augmentées et comprendront probablement des marchandises que la Grande-Bretagne ne désire pas voir passer en Allemagne. Cela étant, le Gouvernement Britannique ne peut aider la Suisse à se procurer de telles marchandises8. Il a mentionné aussi dans la conversation que, depuis un certain temps, la Grande-Bretagne n’a plus reçu de Suisse les produits manufacturés auxquels elle s’intéresse. Si la Suisse trouve moyen d’assurer l’exportation de ces marchandises9, la Grande-Bretagne verra ce qu’elle pourra faire de plus pour notre ravitaillement. A l’argument que ces marchandises sont pour beaucoup de la contrebande de guerre et qu’il est difficile d’admettre que leur transit par des pays tiers ne soit pas entravé, même par des moyens indirects, Lord Drogheda n’a rien répondu.
Je ne puis naturellement me rendre compte comment, ni dans quel état d’esprit Mr. Kelly aura exécuté les instructions qu’il a reçues. Quant à Lord Drogheda et par conséquent le Ministère de la Guerre Economique, je dois conclure qu’en ce qui concerne en tous cas les céréales, cela ne sera guère avant que nos stocks soient assez sérieusement diminués que nous pourrons demander de faire passer nos bateaux par le Contrôle Britannique.
Cette situation va certainement causer des pertes considérables aux importateurs de céréales en Suisse tels que MM. André & Cie., Bunge & Cie., etc., etc., ainsi qu’à l’Office Fédéral de Guerre pour les Transports et il me paraît probable qu’il faudra envisager la liquidation sur d’autres marchés des céréales actuellement achetées. C’est un problème que je ne puis que signaler, mais il me paraît qu’une décision rapide est indispensable pour arrêter les pertes déjà encourues actuellement.
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