Language: French
13.11.1925 (Friday)
Protokoll der Sitzung des Bundesrates vom 13.11.1925
Secret minutes of the Federal Council (PVCF-S)
Motta informiert den Bundesrat über die Schritte des schweizerischen Gesandten in Rom gegen irredentistische Artikel in Archivio storico, Adula und Catechismo del Balilla. Wagnière betont, dass die Tessiner ihre Eigenart ohne Hilfe aus dem Ausland bewahren könnten.
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Printed in

Walter Hofer, Beatrix Mesmer (ed.)

Diplomatic Documents of Switzerland, vol. 9, doc. 116

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Bern 1980

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dodis.ch/45133
Protokoll der Sitzung des Bundesrates vom 13. November 19251

Menées irrédentistes au Tessin

Le Chef du Département politique rappelle les renseignements qu’il a donnés aux séances des 20 et 23 octobre2 sur l’activité de la Società Palatina et le programme pour un Archivio storico della Svizzera italiana. Il vient de recevoir de M. Wagnière un rapport sur l’entretien que celui-ci a eu avec M. Mussolini3 conformément aux instructions du Département politique4. Cet entretien a eu lieu le 9 novembre à 63 A h. du soir. Notre Ministre n’a pas seulement parlé à M. Mussolini de Y Archivio Storico, mais de Y Adula et aussi du Catechismo del Balilla (qu’il n’a malheureusement pas pu se procurer). Nous ne pouvons pas ne pas voir dans ces entreprises, lui a-t-il dit, une machination irrédentiste dont les amis de l’Italie en Suisse s’alarment beaucoup plus que les indifférents!

Voici à peu près ce que M. Mussolini a répondu à M. Wagnière. Il a eu connaissance de l’Archivio Storico par un article de M. Brenno Bertoni dans la revue Ticino. C’est sur son intervention que le fameux art. 2 aurait été modifié. Il n’est pour rien, ni son parti, dans cette publication. Le député Solmi n’est pas fasciste; il est libéral. Le Président a répété plusieurs fois avec une satisfaction évidente: «E un liberale». Il suppose que, comme recteur de Pavie, Solmi pense peut-être attirer par ces publications historiques tessinoises les étudiants tessinois à son Université. Le Président a promis d’intervenir de façon à modifier le caractère de cette publication ou à la supprimer. Il a déclaré à notre Ministre qu’il comprenait fort bien notre point de vue et qu’il se rendait parfaitement compte du tort que des écrits de ce genre causaient à l’Italie. Il a été très catégorique sur ce point. M. Mussolini ignorait que Parini figurait en premier rang des participants à cette publication et a demandé, à la vive surprise de M. Wagnière si Parini était suisse ou italien. Il lui a été répondu qu’il était italien marié à une Tessinoise.

Quant à l’Adula, M. Mussolini a paru surpris et amusé à l’idée qu’on pouvait attendre de lui qu’il intervînt dans les affaires d’un journal qui est publié en Suisse. Notre Ministre lui a dit que ce n’est pas ce que nous attendons de lui. Nous savons seulement que ce journal, qui n’a aucune publicité, ne peut pas vivre de ses propres ressources et devons admettre qu’il reçoit de l’argent d’autre part. Est-ce de la Dante Alighieri? Le Président ne le pense pas, cette société ayant peu de ressources et ne recevant rien du Gouvernement. M. Wagnière lui a répété que le programme de cette feuille était moins de faire aimer l’Italie que de faire haïr la Suisse, et que chez aucun de nos autres voisins nous n’avions à nous plaindre de semblables campagnes. M. Mussolini a pris note des noms des Italiens qui patronnent cette feuille et a déclaré qu’il verrait le moyen d’attirer leur attention sur le caractère de ce journal que probablement ils ignorent.

En ce qui concerne le Catechismo, M. Mussolini ignorait tout, a pris note de ce que M. Wagnière lui a dit et agira en conséquence.

Au cours de cet entretien il a aussi été question du Tessin et de sa prétendue germanisation. M. Wagnière a beaucoup insisté sur le fait que les Tessinois savaient défendre sans aucun secours de l’étranger leur caractère propre. Le premier Ministre italien a abondé dans ce sens et n’a plus fait aucune autre allusion à ce danger de dénationalisation et d’influences germaniques anti-italiennes dont il avait entretenu M. Wagnière il y a trois ans, lors de la première entrevue.

M. Mussolini n’a pas dit un mot de l’incident de St-Gall ni de la Libera Stampa. Bref, l’entretien, qui a duré 35 minutes, ne pouvait pas avoir un tour plus satisfaisant.

M. Motta constate que peu de temps après sa conversation avec M. Garbasso sur cette affaire les journaux tessinois annonçaient que les passages des statuts de la Società Palatina, donnant lieu à des critiques de notre part, ont été supprimés. Il estime qu’il faut maintenant attendre le résultat de la démarche faite par notre ministre à Rome. En ce qui concerne «l’Archivio storico...», M. Motta est d’avis que cette publication devrait être empêchée, car elle est pleine de dangers pour la Suisse. Il lui semble qu’il faudrait tâcher de développer le «Bolletino storico» paraissant dans le Tessin et d’en faire une publication scientifique pouvant rendre superflue la revue italienne projetée. Mais cela ne sera guère possible sans l’appui financier du canton et éventuellement aussi de la Confédération.

M. Motta a déjà fait part de cette idée à M. Bertoni, en exprimant l’idée qu’on pourrait aussi accepter la collaboration des milieux milanais, mais que la direction du «Bolletino» devrait naturellement rester en Suisse.

Il est pris acte avec approbation de ces communications du chef du Département politique.

1
E 1005 2/3. Abwesend: Häberlin.
2
Protokolle dieser Sitzungen in: E 1005 2/3.
3
E 2001 (D) 3/298, Bericht vom 10.11.1925.
4
Vgl. Nr. 106.