Printed in
Diplomatic Documents of Switzerland, vol. 7-I, doc. 95
volume linkBern 1979
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Archival classification | Vgl. Edition |
Dossier title |
Archive | Swiss Federal Archives, Bern |
▼ ▶ Archival classification | CH-BAR#E2200.41-02#1000/1671#9043* |
Old classification | CH-BAR E 2200 Paris 1 1514 |
Dossier title | Correspondance politique et diplomatique, Teil 1 (1919–1919) |
File reference archive | 1/1-100 |
dodis.ch/43840Le Ministre de Suisse à Paris, A. Dunant, au Chef du Département politique, F. Calonder1
Dès la réception de votre télégramme no 81 du 9 décembre dernier, j’avais pressenti le Gouvernement français, au nom du Gouvernement allemand, quant aux négociations préliminaires de la paix.2
Par lettre très urgente du 7 de ce mois, votre Division pour la représentation des intérêts étrangers m’a demandé d’accélérer l’envoi d’une réponse.3 Ce rappel m’oblige à vous faire un aveu: Lors de ma démarche du mois de décembre, j’avais été accueilli au Quai d’Orsay par un sourire fort ironique qui était plus éloquent qu’aucune réponse. Je sais bien qu’il nous faut être consciencieux et honnêtes jusqu’au bout dans la charge que nous avons assumée de représenter les intérêts allemands en France et je vous prie de croire que j’agis de mon mieux, bien que ce ne soit pas toujours facile, surtout depuis la victoire complète et indiscutable de l’Entente, bien que les Allemands ne veuillent pas en convenir. L’autre jour, une personnalité berlinoise très en vue a dit: «Wir haben gesiegt, aber die Franzosen haben den Krieg gewonnen.» Ce n’est pas l’opinion qui règne ici et l’Allemagne sentira encore de rudes déceptions quand elle se rendra compte que, non seulement l’Entente a gagné la guerre, mais aussi et surtout qu’elle a «gesiegt». En ce qui concerne la question spéciale de la Conférence, je vous avoue que je ne comprends pas très bien à quoi servirait une note de rappel au Gouvernement français, car nous savons fort bien à quoi nous en tenir et puis, vu les événements actuels à Berlin, je suis certain de m’attirer la riposte suivante: «Mais qui est aujourd’hui le Gouvernement allemand?» D’autre part, nous savons que la Conférence qui va s’ouvrir dans deux jours est une conférence exclusivement interalliée qui durera plusieurs semaines, et c’est seulement ensuite que les Allemands seront conviés à une conférence internationale. Que sera cette seconde conférence? On n’est pas encore au clair à ce sujet, mais l’opinion prédominante est que les Empires Centraux y devront paraître comme des accusés devant une Cour rendant son arrêt, avec cette petite déférence que les accusés pourront peut-être discuter certains points secondaires et jusqu’à une certaine limite seulement. Impossible de savoir quand sera communiqué aux Allemands le résultat des délibérations tenues à Paris, car, ainsi que je viens de vous l’écrire, on ne sait pas aujourd’hui si ces délibérations dureront longtemps ou non. Vous savez, d’après mes récents rapports politiques, que les Italiens ne prévoient pas la fin de cette première conférence interalliée avant deux mois, tandis que l’Ambassadeur d’Angleterre, lui, croit que tout pourrait être terminé vers le 20 avril, et qu’en guise d’Œuf de Pâques, le monde recevrait un rameau d’olivier.
- 1
- Lettre (Copie): E 2200 Paris 1/1514.↩
- 2
- D’après la note du 10 décembre 1918 de la Légation de Suisse à Paris au Gouvernement français (E 2200 Paris 1/1475), ce télégramme no 81 priait le Ministre de Suisse de transmettre à la France une communication du Gouvernement allemand, qui, selon la réponse française du 23 décembre 1918 à la Légation de Suisse (ibidem), avait la teneur suivante: Le Gouvernement allemand insiste vivement pour savoir si Gouvernements Entente et Etats-Unis sont prêts à entrer prochainement en négociations préliminaires de paix et pour savoir sitôt que possible lieu et date de ces négociations. La réponse française du 23 décembre n’était qu’un simple accusé de réception.↩
- 3
- Sans doute à la suite de la nouvelle démarche allemande entreprise par le secrétaire de la Légation d’Allemagne à Berne, Renthe-Fink, et dont il est question dans le mémorandum du 4 janvier 1919 de W. Thurnheer, adjoint de la Division des affaires étrangères du Département politi- que: Herr von Renthe-Fink teilte mir anlässlich einer Besprechung auf dem Departemente mit, dass die deutsche Regierung mit Ungeduld die Mitteilung betreffend Eröffnung eines Präliminarfriedens erwarte. Ich antwortete, dass wir nicht verfehlen werden, sie von einer diesbezüglichen Mitteilung sofort zu verständigen. Herr von Renthe-Fink weist namentlich anschliessend hieran darauf hin, wie wichtig es sei, dass die Entente, sobald die Nationalversammlung stattgefunden habe, die Verhandlungen einleiten werde, um so die Nationalversammlung zu stärken. Würde dies nicht der Fall sein, so sei zu befürchten, dass die Nationalversammlung bald an Gewicht verliere und Deutschland mehr denn je der Spartakusgruppe ausgeliefert würde. Auf meine Erkundigung, wie man die Zusammensetzung der Nationalversammlung in Deutschland beurteile, antwortete Herr von Renthe, dass diese voraussichtlich zu einem Drittel aus Bürgerlichen, einem Drittel Mehrheitssozialisten und einem Drittel Spartakusleuten und Konservativen - ein Grossteil der Letzteren gehe bekanntermassen mit den Spartakusleuten - zusammengesetzt sei. (E 2300Berlin, Archiv-Nr. 20/1).↩