dodis.ch/43646
La Légation de Suisse à Pétrograd à la Division des Affaires étrangères du Département politique
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Pétrograd, 24 décembre 1917 (Reçu: 26 décembre 1917)
Voici la réponse à votre télégramme no 44 2.Le Commissaire des Affaires Etrangères n’a pas fait jusqu’au moment actuel de démarches formelles auprès de la Légation demandant la reconnaissance du Gouvernement. Par contre la délégation des Missions3 a rapporté de sa conversation avec M. Trotski l’impression que ce dernier contesterait ces prochains jours les immunités diplomatiques aux missions actuellement à Pétrograd. Ceci dans le but d’amener la reconnaissance par les Puissances et l’agrément des représentants des Soviets. Si nous devions faire une démarche auprès de Trotski pour savoir ses intentions, nous risquerions que celui-ci nous interpelle immédiatement au sujet de la reconnaissance par la Suisse, ce qui nous obligerait à prendre une décision avant que les autres pays aient traité cette question. Il semble que les missions des pays de l’Entente sont disposées à s’entendre provisoirement avec le Commissaire des Affaires Etrangères dans le sens qu’elles accorderaient moyennant réciprocité le visa aux courriers qui serait adressé à un seul représentant des Soviets dans chaque pays. Cette solution, bien qu’elle soit anormale, vous semblera peut-être, comme à moi, la moins mauvaise pour notre pays parce qu’elle est celle qui pourrait nous causer le moins de difficultés avec les Alliés. Je vous prie de me donner des instructions télégraphiques.
Nous avons pris connaissance avec un vif regret que la Banque Nationale a reculé. Par cette décision grand nombre de nos compatriotes sont bien embarrassés; ils ont voulu se rendre en Suisse tout en s’assurant des moyens d’existence dans le pays. Nous sommes plus rassurés sur la sécurité des banques de Pétrograd. Nous aimerions bien qu’une nouvelle démarche auprès de la Banque Nationale puisse se faire. La partie sud de la Russie se trouve actuellement dans une situation très incertaine.