Thematische Zuordung Serie 1848–1945:
I. INTERNATIONALE LAGE
Printed in
Diplomatic Documents of Switzerland, vol. 5, doc. 349
volume linkBern 1983
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Archive | Swiss Federal Archives, Bern | |
▼ ▶ Archival classification | CH-BAR#E2001A#1000/45#687* | |
Old classification | CH-BAR E 2001(A)1000/45 87 | |
Dossier title | Nr. 665. Allgemeines, insbesondere Berichte der schweizerischen Auslandvertretungen. Schweizerische Neutralitätserklärung. Mitteilungen der Kriegsparteien (1912–1912) | |
File reference archive | B.267 |
dodis.ch/43204 Der schweizerische Gesandte in Wien, J. Choffat, an den Bundespräsidenten und Vorsteher des Politischen Departementes, L. Forrer1
J’ai l’honneur de vous confirmer mon télégramme d’hier soir: «Ambassadeur Russie ne partage aucunement pessimisme du ministre Bacheracht. Malgré préparatifs militaires autrichiens, il a ferme espoir solution pacifique. Question serbe seule inquiétante.»
A la réception de votre lettre du 4 courant me donnant connaissance des déclarations que vous a faites M. Bacheracht, je me suis rendu immédiatement chez l’Ambassadeur de Russie.
M. de Giers (admirateur sincère et ami fidèle de notre pays) se refuse de la façon la plus catégorique à admettre que son collègue à Berne ait reçu l’ordre de vous faire ladite déclaration: c’est, pense-t-il, une simple opinion personnelle.
Et cette opinion semble bien pessimiste à M. de Giers. «Nous n’avons actuellement, dit-il, pas le moindre sujet de discorde avec l’Autriche, et les deux Gouvernements sont animés d’intentions également pacifiques. La question austro-serbe est seule menaçante, mais j’ai le ferme espoir qu’elle trouvera une solution diplomatique. Nous faisons notre possible pour amener les Serbes à la modération. Je considère comme une faute qu’ils aient occupé Durazzo, mais on ne peut pas non plus, après leurs succès, leur refuser tout, p. ex. un port sur l’Adriatique pour assurer leur indépendance commerciale. Si l’Autriche est trop intransigeante et leur déclare la guerre - ce qui serait un geste peu noble envers un petit pays, affaibli par la guerre turque - la Russie ne pourra pas arrêter le mouvement slave: nous ferons la guerre aussi et ce sera l’incendie général. J’ai pourtant trop de confiance dans le bons sens européen pour croire qu’on en arrivera là. La conférence des ambassadeurs, à mon avis, est un symptôme de très bon augure.» Pour lui, les armements autrichiens répondent surtout à la nécessité de «se mettre à la hauteur» et d’obtenir du Parlement indocile les crédits nécessaires.
Le raisonnement autrichien - d’après mes renseignements d’autre part - est celui-ci. Il est temps de mettre fin aux insolences de la Serbie qui, parce qu’elle sent la Russie derrière elle, abuse de la patience autrichienne, et maintient l’inquiétude dans les Balkans. Voilà trois occasions que la Monarchie a manquées d’occuper la Serbie: la première en 1886 lors de la guerre serbo-bulgare (l’Autriche empêcha positivement l’écrasement de la Serbie); la seconde lors de l’occupation de la Bosnie et de l’Herzégovine. Aujourd’hui la Serbie, grisée par ses succès, veut un port sur l’Adriatique: c’est une prétention que ni l’Autriche, ni l’Italie ne peuvent admettre, l’Autriche spécialement qui courrait le danger de se voir fermée la sortie de sa flotte de Trieste. Mais on ne s’oppose nullement à ce que, pour l’indépendance commerciale qu’elle réclame, la Serbie ait un port marchand sur la côte. On ne demande qu’à s’entendre sur ce point. On lui cède d’ailleurs volontiers un agrandissement territorial du Novi Bazar et de la vieille Serbie. La Monarchie mobilise des troupes, c’est vrai, mais uniquement pour être prête à une guerre éventuelle qu’elle ne désire d’ailleurs aucunement.
Je n’ai pu voir l’Ambassadeur d’Allemagne, «très occupé». Le Ministre de Saxe, qui est en bonne position pour être bien renseigné, me dit que l’Allemagne et l’Autriche sont fermement décidées à mettre fin à l’agitation slave en Serbie et, par conséquent, à agir contre la Russie: «Nous (Allemands) sommes parfaitement prêts. C’est la France qui paiera les conséquences d’une guerre: nous la diminuerons encore, et vous-mêmes, en Suisse, vous en tireriez avantage car on vous en donnera un petit morceau (!?). La Russie a 36 régiments de cavalerie à la frontière polonaise. L’Autriche doit répondre à ces armements d’autant plus activement qu’elle n’a, jusqu’à présent, pris aucune mesure suffisante de ce côté... Après ces expansions belliqueuses, le Comte Rex s’empresse toutefois d’ajouter que personne ne veut la guerre, qui serait une monstruosité; que les conversations diplomatiques sont en bonne voie: il y aura des hauts et des bas, des alertes et des détentes pendant quelques jours, quelques semaines; puis, espérons-le, tout rentrera dans l’ordre pacifiquement. En tous cas, cette crise sera salutaire, car les Puissances tiendront à mettre fin une fois pour toutes à l’agitation balkanique.
D’après des renseignements qui me viennent d’un général très haut placé - commandant d’armée éventuel - l’armée serbe revient se concentrer à la frontière autrichienne. Il n’est par contre pas exact que les Russes massent des troupes en Pologne: ils n’y ont que des détachements en observation. La Russie marcherait avec la Serbie, non pas que son Gouvernement n’ait pas des intentions pacifiques, mais parce qu’il ne pourrait résister au mouvement populaire panslaviste. La Roumanie embrasserait le parti de la Triple Alliance. Pour toute éventualité la Monarchie poursuit normalement ses préparatifs de guerre.
Evidemment, en effet, on mobilise des troupes et on ne s’en cache plus. La frontière serbe est fortement occupée, et on travaille énormément en Galicie. C’est le sujet de toutes les conversations à Vienne et le malaise que je vous ai déjà signalé persiste. Le commerce gémit de plus en plus. Mais de là à la guerre, et à la conflagration générale, il y a heureusement encore loin. Ci-incluse la Neue Freie Presse de ce matin qui enregistre maint symptôme de détente.
- 1
- Politischer Bericht: E 2001 (A), Archiv-Nr. 665.↩
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International situation (until 1914)