dodis.ch/43021
Der schweizerische Gesandte in
Wien, F. du Martheray, an den Bundespräsidenten und Vorsteher des Politischen Departementes,
E. Müller1
Au dîner annuel que l’Empereur offre aux chefs de missions, ainsi qu’au bal de Cour, qui a eu lieu avant-hier, l’Empereur m’a parlé de la Suisse avec l’intérêt qu’il lui témoigne à chaque occasion.
Après quelques questions sur ma mission à Belgrade et les chances que nous avons d’aboutir à un traité avec la Serbie, il m’a dit avoit reçu de ses officiers sur les manœuvres de l’armée Suisse, en septembre dernier, des rapports qui l’ont particulièrement intéressé, notamment en ce qui touche à la force de résistance de la troupe.
J’ai saisi cette occasion pour lui exprimer, ainsi que vous aviez bien voulu m’en charger, Monsieur le Président, - vos remerciements pour l’accueil fait à nos officiers, M.M. Ursprung et Zeerleder, aux manœuvres de Bohême. J’ai ajouté que du reste tous nos officiers gardaient toujours un excellent souvenir de la cordiale camaraderie avec laquelle ils sont accueillis dans l’armée Autrichienne. «J’ai été charmé de voir ces Messieurs, qui sont d’excellents officiers» m’a répondu l’Empereur «et d’une façon générale, c’est toujours une satisfaction spéciale pour moi de voir régner de bons rapports entre mes officiers et ceux de l’armée Suisse, dont il y a beaucoup à apprendre; c’est très bon pour les deux armées, et je suis toujours heureux de ces rapprochements.» J’ai - comme vous aviez bien voulu me le dire, Monsieur le Président, - répondu que de votre côté vous aviez beaucoup apprécié les officiers délégués aux manœuvres d’automne, et particulièrement le Général-Major Leithner. Cette mention semble avoir fait un plaisir particulier à l’Empereur qui a ajouté «Je suis très heureux de l’entendre; je considère en effet le Général Leithner comme un de nos très bons officiers».
L’Empereur m’a exprimé ensuite sa satisfaction de ce que le Conseil fédéral se soit décidé à accepter la mission - très délicate, a-t-il ajouté - de désigner un officier Suisse pour le poste d’inspecteur général de la police internationale au Maroc. Il était déjà très renseigné sur la personne du Colonel Müller et a déclaré que, d’après ce qu’il avait entendu dire, c’était un choix excellent, mais a-t-il répété une seconde fois, ce sera une mission bien difficile et bien délicate! J’ai répondu que ce n’était pas sans regrets que le Gouvernement fédéral se privait des services d’un officier comme le Colonel Müller, qui par ses connaissances techniques, son caractère calme et pondéré, son grand tact et ses manières affables avait su s’attirer des sympathies unanimes tant dans ses postes militaires de la Suisse romande que de la Suisse allemande.
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