Classement thématique série 1848–1945:
I. LES RELATIONS INTERGOUVERNEMENTALES ET LA VIE DES ÉTATS
I.14 ITALIE
Également: Instructions: vérifier la rumeur concernant l’envoi possible d’un corps d’armée italien près de la frontière suisse. Annexe de 25.7.1870 (CH-BAR#E2200.81-03#1000/692#46*).
Printed in
Diplomatic Documents of Switzerland, vol. 2, doc. 265
volume linkBern 1985
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Archive | Swiss Federal Archives, Bern | |
▼ ▶ Archival classification | CH-BAR#E2300#1000/716#292* | |
Old classification | CH-BAR E 2300(-)1000/716 143 | |
Dossier title | Florenz, Politische Berichte und Briefe, Band 1 (1866–1871) |
dodis.ch/41798
J’ai reçu votre office du 252 et aussitôt après sa réception hier, j’allai aux informations au Ministère des Affaires Etrangères; et en suite de la conversation que j’eus avec Monsieur Visconti-Venosta, je pus vous télégraphier3 que la nouvelle de la formation d’un corps d’armée de 60 000 hommes dans la Haute Italie n’avait aucun fondement.
Mon rapport, que vous mentionnez, doit être celui du 18 courant4; j’y parle de la levée effective (non pas d’un bruit) de deux classes [d’à peu près 60 000 hommes, mais non pas de la formation d’un corps d’armée. Vous aurez reçu hier ou aujourd’hui mon rapport du 26 courant5, où la situation politique et militaire de l’Italie est exposée, telle qu’elle est encore en ce moment. Pour être mieux renseigné, je me suis rendu ce matin chez le Ministre de la Guerre. Le Général Govone m’a confirmé d’abord ce que m’avait dit hier son collègue. Il entra ensuite dans quelques détails ultérieurs. L’armée sur pied de guerre, me dit-il, est composée de 11 classes; on les avait réduites à 3 à cause de la situation financière; elles sont maintenant portées à 5. Les troupes éparpillées dans la Haute Italie arrivent à peine au chiffre de 60 000 hommes. On n’a pas même eu le Camp de Soma cette année, mais il est possible qu’on y envoie à tour de rôle quelques troupes, mais pas plus d’une division à la fois. Pour ces deux classes d’armée de terre et pour une classe de marine, le Ministère a demandé un crédit supplémentaire de 16 millions, dont 1 pour la marine.
Ces préparatifs sont sur un pied modeste. Ils sont rendus nécessaires par les tentatives incessantes et en dernier lieu, [par celle de Milan, du Parti Républicain. Le Général Govone me disait: nous achèterons quelques chevaux, nous n’en avons que 40 par batterie, tandis que les Français en temps de paix en ont quatrevingts. Il ne s’agit pas d’une mobilisation proprement dite, mais des moyens strictement nécessaires pour le transport.
D’après ce que m’en a dit le Ministre des Affaires Etrangères, les Français quittent décidément Civita-Vecchia; il est dès lors évident, comme il me l’a dit d’ailleurs, qu’il faut une force respectable à la frontière Pontificale pour empêcher des invasions de bandes de volontaires. A ce point de vue, le déménagement des Français est plutôt une charge pour l’Italie; mais en agissant de la sorte, le Ministère espère que sa loyauté trouvera, à la fin de la guerre, de manière ou d’autre, une compensation dans cette éternelle question Romaine.
Les remerciements adressés par voie publique par le Comte Brassier de St Simon aux volontaires qui offraient leurs services à la Prusse, ont été jugés [comme un acte insolite en diplomatie et j’ai lieu de croire que le Ministère s’en est plaint. Il paraît du reste que ces enrôlements avaient été grossis et qu’il aurait été très possible de remercier ces volontaires individuellement.
A la suite des désordres qui ont eu lieu, soi-disant pour la Neutralité, et tout en même temps contre la France et en faveur de la Prusse, dans les principales villes du Royaume, les grands journaux commencent à réagir et à être sympathiques à la France. La Gauche parlementaire ainsi que ses journaux continuent [leurs faveurs à la Prusse. Cependant, en serait-il de même si elle parvenait à prendre les rênes du Gouvernement? Pour le moment, cette éventualité n’existe pas. Les journaux de la Gauche persistent à soutenir, et quelques députés ont fait de très claires allusions à la Chambre, que des négociations se poursuivent entre Paris et Florence et peut-être Vienne, en dehors des Cabinets, et que dans des circonstances données un nouveau Ministère inaugurerait cette triple alliance. M.le Comte Vimercati en serait l’intermédiaire; il devrait être actuellement à Vienne. Puisque ce sont des négociations secrètes, en dehors des Cabinets, il est assez difficile d’en savoir quelque chose de positif. Ce que l’on peut dire, c’est que la supposition ne paraît pas tout à fait dénuée de fondement. M. Lanza, Président du Conseil, est, dit-on, très contraire à toutes alliances; c’est pourquoi la Gauche le soutient, et l’on envisage généralement sa présence au Ministère comme une garantie de la neutralité; par contre, comme déjà je vous l’ai dit, une grande partie de la Droite lui est hostile.