Printed in
Diplomatic Documents of Switzerland, vol. 21, doc. 55
volume linkZürich/Locarno/Genève 2007
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Archive | Swiss Federal Archives, Bern | |
▼ ▶ Archival classification | CH-BAR#E2001E#1972/33#7893* | |
Old classification | CH-BAR E 2001(E)1972/33 346 | |
Dossier title | Politische Bewegungen und Zustände in Guinea (1959–1960) | |
File reference archive | B.73.0 • Additional component: Guinea |
dodis.ch/15618 Notice interne du Chef du Département politique, M. Petitpierre1 Entretien avec Mgr. Maillat, Evêque de N’Zérékoré (Guinée), originaire du Jura bernois, et son vicaire, Mgr. Salamin, de Sierre, le jeudi 22 octobre 1959, à 10 heures
Mes deux interlocuteurs exercent leur activité de missionnaire en Afrique
Noire, notamment en Guinée. Ils sont inquiets de l’évolution qui se poursuit dans ce pays. Ils dirigent eux-mêmes des écoles, en particulier professionnelles, qui ne peuvent pas continuer leur activité faute de moyens financiers. Le
Gouvernement entend nationaliser la formation de tous les cadres. Dans ces écoles, on préparait notamment des mécaniciens et des ouvriers qualifiés pour le bâtiment. Le chef du Gouvernement, Sékou Touré, est un tribun, intelligent, pas doctrinaire. En revanche, il a dans son Gouvernement plusieurs militants marxistes, dont le Ministre de l’Intérieur2, que j’ai reçu il y a quelques mois3.
La Guinée représente la tête de pont du communisme en Afrique. Les Guinéens sont fascinés par l’effort économique de la Chine. Le Gouvernement est en train d’instaurer le travail forcé. Il semble que l’on aille vers un régime de communes populaires comme en Chine.
L’Occident reste passif devant cette évolution. Pourtant le problème crucial est la formation des élites. Celle-ci est décisive pour l’avenir. L’URSS a offert cette année 10’000 bourses à des Africains pour la formation de cadres. Après l’indépendance, les pays de l’Est ont été les premiers à ouvrir des Ambassades (URSS, Allemagne de l’Est, Pologne, etc). L’Allemagne de l’Ouest et les Pays-Bas ont suivi. Les Etats-Unis sont venus trop tard.
L’Ambassade de l’URSS comprend 200 à 300 personnes, dont beaucoup de techniciens du marxisme. Les Etats-Unis ont quelques attachés. Leur personnel est de 20 à 30 personnes. Ils considèrent les problèmes essentiellement sous leur angle commercial.
Mes interlocuteurs ne sont pas du tout d’accord avec les émissions données à la radio4, notamment à Sottens sous la rubrique «Le Miroir du monde», par des journalistes internationaux du genre de Fernand Gigon. Son émission sur la Chine fourmillait de renseignements tout à fait faux. De même les indications contenues dans son ouvrage sur «La Guinée Etat-pilote»5.
Radio Sottens est écoutée à l’étranger. La Suisse rend un très mauvais service à l’Occident en renseignant l’opinion publique mondiale d’une manière tendancieuse et inexacte.
Mes interlocuteurs sont convaincus que tout ira très vite en Afrique.
D’autres pays vont accéder à l’indépendance et risquent de suivre l’exemple de la Guinée.
Je demande à mes interlocuteurs ce que la Suisse pourrait faire au titre d’aide aux pays sous-développés6. Je les prie de m’adresser un rapport avec des suggestions que je promets de faire examiner.
- 1
- E 2001(E)1972/33/346.↩
- 3
- Prenant part à une mission officielle de la République de Guinée, F. Keita a été reçu par M. Petitpierre le 23 février 1959, selon son agenda, cf. E 2800(-)1990/106/23.↩
- 4
- Pour d’autres critiques adressées à la radio, cf. DDS, vol. 21, doc. 10, note 3.↩
- 6
- Cf. aussi DDS, vol. 21, doc. 10.↩